Google, mais pas que … chevalier du droit accessible, est-il déjà l’Avocat pro bono par nature ?

Ce constat est déjà tiré comme le bon vin.

Alors que l’Estonie s’apprête à déléguer certaines décisions de justice à des robots, se pose la question de savoir si l’avocat de demain ne sera pas lui aussi remplacé par une machine, un moteur de recherche, c’est-à-dire Maître Algorithme …

La gratuité apparente des moteurs de recherche (multiple) incite incontestablement ceux et celles qui y ont recours…

Interrogeons-nous avec humilité : Un robot ou un moteur de recherche peut-il réellement se substituer au travail de l’avocat ? Google mais pas que … peut-t-il remettre en cause le monopole des Avocats en matière de conseil et/ou de représentation en justice, pour les questions non complexes (voire complexes) ?

Toujours dans le même sens, la PME ou le particulier, voire celui qui ne veut pas payer d’honoraires, ne va-t-il pas d’abord épuisé les voies les plus simples donc gratuites avant de se tourner vers un professionnel du droit ? ou plutôt au rythme accéléré de la « subsidiarisation » de la profession d’avocat, les clients ou prospects ne sont-ils pas déjà éloignés des cabinets d’avocat et de leurs honoraires ?

On peut à cet égard essayer de se consoler comme on peut par des formules « populistes » : ce n’est pas parce que l’on trouve des médicaments dans une pharmacie, que l’on n’a plus besoin de consulter notre médecin… on ne va pas à la fontaine sans sa gourde…

En réalité, et on le sait bien, l’Avocat comme d’autres professionnels, est déjà sur la sellette.

Il doit s’adapter : « pense ou disparais ».

La gratuité est bien le pire de ses ennemis, les clients qui ont déserté les cabinets, assumant même l’échec de leurs actions mais gratuit, voire de réduire la note avant saisine d’un professionnel… les magistrats qui sont le plus souvent à juste titre agacés par le pédantisme irréductible de certains professionnels, participent aussi à cette idée que l’Avocat n’est pas ou plus nécessaire.

Ni le monopole du droit, ni la représentation obligatoire par Avocat devant certaines juridictions n’y feront.

  • Le monopole de l’avocat en matière de représentation et d’assistance en justice est depuis longtemps reconnu. L’article 4 de la loi de 1971 dispose ainsi que :

« Nul ne peut, s’il n’est avocat, assister ou représenter les parties, postuler et plaider devant les juridictions et les organismes juridictionnels ou disciplinaires de quelque nature que ce soit, sous réserve des dispositions régissant les avocats au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation ».

Mais il est certain avec la disparition progressive de la plaidoirie, conçue comme outil de facilitation de lecture des dossiers, litiges, contrats, l’Avocat est en fragilité comme interlocuteur de justice, auxiliaire…

Il n’est donc pas absurde au regard des demandes récurrentes des magistrats, de croire en une disparition de l’Avocat comme modus incontournable de justice…

on peut donc concevoir sans être grand clerc que se profile : 

  • un monde sans représentation des parties par un avocat devant les tribunaux,
  • un monde dans lequel le système judiciaire sera totalement dématérialisé.

Alors dans ce champ de débacles, quid de l’Avocat ?

Ce monde sans Avocat ouvrira-t-il la voie à des moteurs de recherche et notamment  Google qui deviendrait de fait (et certainement plébiscité) l’avocat pro bono du futur, avec des robots remplaceraient les juges dans leur pouvoir de décision ?

Blade Lawyer n’est pas loin. Dans l’avenir immédiat, à 5 ans, tout aura changé.

Si les robots et les moteurs de recherche commencent de nos jours à jouer un rôle nouveau, leur marche sera indubitablement accélérée…

La dimension humaine pourrait, il est vrai, un temps freiner la progression. Le lien de confiance, la fides naturelle peut encore elle-aussi, encore faire résistance… La déontologie des Avocats, conçue comme une forteresse pour les Ordres des Avocats, est souvent présentée comme l’ultime rempart.

Pour autant, il n’est pas non plus absurde de penser que la déontologiste ses règles seront reproduites par les moteurs de recherche comme conditions générales de vente.

Ne resterait alors plus que le secret professionnel pour dénier à Google ou d’autres le droit de pratiquer le Droit.

C’est là aussi illusoire, car les juristes et avocat in house arrivent…comme le dit le proverbe, et le parodier… un secret professionnel partagé n’est déjà plus secret…

L’article 54 de la loi susvisée qui prévoit que : « Nul ne peut, directement ou par personne interposée, à titre habituel et rémunéré, donner des consultations juridiques ou rédiger des actes sous seing privé, pour autrui », sera donc vidé de sa substance par l’effet du temps, de la rapidité des échanges et par la vague consumériste qui affecte le droit et les professionnels…

Ajoutez-y la Blockchain qui facilement peut remplacer les modes de contractualisation, par leur sécurisation avec sanctions monétaires à la clé, automatiquement admises (bitcoin, ou monnaies officielles) et même dans le domaine des contrats, des fusions petites ou grandes, des placements, l’Avocat aura à s’adapter.

Alors l’Avocat de demain, Google ou pas Google ? Google vous avait dit Google comme c’est Google !!!

Bouziane BEHILLIL