Les GAFA : sont-ils nos meilleurs ennemis ?

Les griefs qui parsèment notre quotidien à l’encontre des GAFA

  • Optimisation fiscale…

L’Assemblée nationale a voté ce lundi 10 avril 2019 l’instauration de la taxe GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) en première lecture. Cette taxe concernera les entreprises dont le chiffre d’affaires sur leurs activités numériques sera supérieur à 750 millions d’euros dans le monde et, en France, à plus de 25 millions d’euros. Le taux d’imposition sera à hauteur de 3 % du chiffre d’affaires réalisé sur le territoire français sur les publicités en ligne, la vente à des tiers des données personnelles et les activités dites d’« intermédiation ».

  • Abus de position dominante…

Le mercredi 20 mars 2019, la Commission européenne a une nouvelle fois sanctionné Google, cette fois-ci pour abus de position dominante et lui a infligé 1,49 milliard d’euros d’amende. La décision concerne AdSense for Search, un système de publicité contextuelle du leader mondial de la recherche en ligne.

Le problème, selon la Commission, est que Google a limité artificiellement la possibilité, pour les sites, d’utiliser des services d’affichage de publicités contextuelles concurrents : d’abord, le géant de la recherche en ligne a imposé, dans ses contrats, « l’exclusivité » de son service, de 2006 à 2009. Puis, il a exigé que les partenaires affichent « un minimum de liens publicitaires » d’AdSense for Search et lui réservent « les meilleurs emplacements ». 

  • Non-respect du RGPD…

La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés a récemment infligé une amende de 50 millions d’euros à Google pour manque de transparence, d’informations et absence de consentement valable concernant la personnalisation de la publicité.

Quant à Facebook, ce dernier a aussi été condamné ce mercredi 20 mars 2019 par le Tribunal de grande instance de Paris pour défaut de transparence dans l’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs européens.

Selon le tribunal, les règles d’utilisation du réseau social concernant les données personnelles ne sont pas assez claires.

A ce propos, selon un rapport de la commission britannique de protection de l’enfance, à l’âge de 13 ans, les parents auront posté en moyenne 1 300 photos et vidéos de leur enfant sur les médias sociaux. Et d’ici ses 18 ans, il y aura, sur la toile, 70 000 publications le concernant

Alors comment anticiper les éventuelles atteintes à notre vie privée ?

Il faut savoir que des solutions alternatives existent. A cet égard, certains services digitaux sont respectueux de la confidentialité de nos données personnelles.

Concernant les alternatives à Google, Qwant est un moteur de recherche indépendant, ce « Google français » utilise ses propres algorithmes. Il ne collecte aucune donnée personnelle liée aux requêtes et garantit la neutralité et l’impartialité des résultats.

Également, il existe le service de recherche français Lilo qui est, quant à lui, un méta-moteur de recherche qui reverse 50% des revenus publicitaires à des projets sociaux et environnementaux qu’il est possible de choisir.

S’agissant des alternatives à Facebook, Whaller, la plateforme française de réseaux sociaux collaboratifs, garantit la confidentialité des données de ses utilisateurs. Cette société française, filiale du Groupe Bolloré, a déjà convaincu plusieurs entreprises et organismes comme Mc Donalds ou encore Carrefour Market, d’adopter Whaller pour leurs réseaux sociaux d’entreprise.

Et si nous acceptions de changer de point de vue, de paradigme…

Si les GAFAS sont pris pour cibles, se pose la question de savoir la légitimité de cet acharnement.

A cet égard, si Amazon connaît un tel succès, c’est aussi parce que les consommateurs le choisissent, et pour cause la plateforme propose des produits moins onéreux, et permet de les acquérir aisément, en économisant de son temps.

Également, concernant l’avancée de la science, les GAFA garantissent à leurs chercheurs que leurs travaux seront partagés avec le reste de la communauté scientifique.  

De plus, les plateformes publicitaires de Google et Facebook profitent à d’autres entreprises en offrant aux annonceurs des moyens de cibler leurs messages et de pouvoir toucher les bonnes personnes au bon moment.

A souligner, en outre, que beaucoup de ces fondateurs contribuent à aider l’humanité.

Par exemple, Bill and Melinda Gates, Elon Musk, Dustin Moskovitz ou encore Tim Cook, entre autres, participent tous à The Giving Pledge, ils ont ainsi déclaré solennellement vouloir donner la majorité
de leur fortune avant leur mort à des œuvres humanitaires.
Il est vrai que le droit fiscal américain des successions les y incite…

Aussi, la fondation Bill-et-Melinda-Gates est une fondation américaine humaniste philanthropique dont le but est d’apporter à la population mondiale des innovations en matière de santé et d’acquisition de connaissances. De plus, la majorité de l’héritage de Bill Gates devrait revenir à sa fondation, par laquelle il est devenu l’un des plus grands donateurs pour lutter contre la pauvreté dans le monde, avec plusieurs milliards de dollars de sa fortune personnelle. En 2006, il a annoncé qu’il léguerait 95 % de sa fortune à la lutte contre les maladies et l’analphabétisme dans les pays du sud.

Jeff Bezos quant à lui, est en train de réinvestir une grande partie de sa fortune à raison d’un milliard de dollars par an dans son autre entreprise Blue Origin en concurrence avec Space X pour démocratiser l’accès à l’espace.

Enfin, Mark Zuckerberg nourrit un projet de distribuer un internet haut-débit depuis le ciel via des drones. Il multiplie par ailleurs les donations, notamment dans le milieu de l’éducation et la santé, domaines auxquels il a annoncé vouloir consacrer avec sa femme 99 % de sa fortune de son vivant.

Malgré les pratiques des GAFAS pointées du doigt, ne faudrait-il pas revoir la position
de rétorsion que les Etats modernes adoptent à leurs égard ?

Le débat est ouvert.

Bouziane BEHILLIL